L'église de Sainte-Céronne, dite la

L'église de Sainte-Céronne, dite la "mal tournée"

L'église romane

L'extérieur

Elle est d’une structure très simple, construite sur le plan d'une basilique romaine: une nef unique terminée en abside ronde, comme le sont, dans le Perche, toutes les églises de la période romane; éclairée de fenêtres qui ne sont déjà plus les étroites meurtrières du siècle précédent.

La muraille, où l’on retrouve au midi l’appareil de fougères, est surmontée d’une corniche à tore simple, épaulée de contreforts plus puissants qui ont été rajoutés au côté Nord pour assurer la solidité de l’église gravement compromise par le glissement des terres entraînées peu à peu dans le ravin profond creusé à quelques mètre de la muraille.

A l’origine l’abside était éclairée par cinq fenêtres très caractéristiques, ourlées d’un tore que supportent des colonnes à demi engagées dans la muraille. Deux de ces fenêtres ont été murées et les trois autres dissimulées lors de la construction du retable de pierre qui surmonte le maître autel, puis de la sacristie aménagée à l’arrière du retable.

La haute tour, étayée de contreforts romans sans ressauts, se termine par un toit en bâtière, percé de fenêtres-lucarnes ajoutées à la Renaissance; sur l’une d’entre elles se trouvent de curieux petits personnages. Cette tour reste la partie la plus intéressante du monument.

Le portail extérieur construit en grison et celui qui donne immédiatement entrée à l’église, sont décorés d ’archivoltes originales avec rudentures, billettes et tous les motifs d’ornementation du XIIème siècle. 

L'intérieur

Le rez-de-chaussée de la tour forme un vestibule, avec voûte de pierre en arc brisé reposant sur des colonnes trapues ornées de chapiteaux à entrelacs.

Sur l’un des piliers romans, on peut voir une coquille St-Jacques.

Sur l’autre pilier, un décor d’entrelacs irlandais semblables à ceux que l'on pouvait trouver dans les couvents de ce pays.

Sur la cloche figure l'inscription :

Nommée Marie Henriette par Mr et Mme Henri Maillard de Champeaux Fondue par Cornille Havard à Villedieu le 25 septembre 1904 SS Pie X étant Pape,
SGM Gr Bardel Evesque de Seez,
j’ai été bénite par le RP Etienne Abbé de la Grande Trappe
en présence de MM. L’Abbé Sicot Curé de Ste Céronne
Molveaux Maire, Guillin président de la fabrique, Neveu trésorier.

La nef est recouverte d’une voûte en berceau lambrissée avec entraits et poinçons apparents.

Malheureusement, les lambris actuels (début XXe siècle) sont en planchettes de sapin, donnant un aspect mécanique n’ayant pas le cachet des ais de bois originels.

La charpente est en double faîtage, en croix de Saint André

Le retable est d'époque Louis XIII, vraisemblablement l’œuvre de l’artiste qui a construit les maîtres-autels de Feings, Comblot, Courcerault, et quelques autres.

La niche supérieure contient une statue en pied de Céronne, en bois polychrome, représentée en costume de moniale, portant la robe et le scapulaire ; dans la main gauche elle tient un livre ouvert où l’on peut lire sa devise, « Dieu Seul »

Le tombeau de l’autel et le tabernacle appartiennent au XVIIIème siècle.

De chaque côté du tabernacle, deux anciens bustes-reliquaires en bois peint contenaient des ossements de Sainte-Céronne et, pense-t-on, de Saint-Adelin.

Près de l’autel est creusée dans la muraille du midi, une piscine (liturgique) à double arcature avec trèfle, du XIIIème siècle.

Les fonts baptismaux, du XVIIIème siècle, sont accompagnés d’un retable de pierre, de forme et d’ornementation absolument semblables à ceux des petits autels de la nef dans l’église de Feings.

En 1774, Messire Christophe Chartrain, curé de Sainte-Céronne dota l’église de bancs en bois de chêne, encore en service actuellement.

Le tombeau de sainte Céronne, quoique dépouillé au XIIème siècle de son précieux dépôt, est resté l’objet d’une grande vénération. Plusieurs fois restauré à la suite des dévastations occasionnées par le temps ou les guerres, il avait été recouvert au moment de la construction du maître-autel, d’une décoration nouvelle, décrite en 1867 par M. L’abbé Louisfert dans un recueil de notes sur les antiquités de la région de Mortagne : « le tombeau se compose d’un parallélogramme formé par des bandes de pierre blanche au centre desquelles est une mosaïque faite de ciments de diverses couleurs. ….la mosaïque se compose d’une plate-bande de ciment noir, mêlé de blanc, il est comme veiné. Cette même bande noire décrit un cercle au centre duquel est une belle étoile à huit rayons, dont quatre sont rouges et quatre noirs. Malheureusement cette mosaïque est un peu endommagée et nécessite une restauration que je n’ai osé entreprendre… »

Actuellement, ce curieux monument n’existe plus. Il a été remplacé par une dalle de marbre blanc, scellée sur le sol, au milieu du chœur, quadrangulaire, avec une inscription en lettres d’or faite par le Curé Lanoë, en l’an 1876, où il décrit la vie admirable de la sainte (inscription portée sur la dalle devant l'autel) :

Ici reposa pendant de nombreux siècles
le corps de la Bienheureuse Céronne qui,
envoyée des confins de la Gaule narbonnaise
fixa son séjour ici.
Elle mena une vie admirable de sainteté
et quant elle eut dirigé pieusement
l’assemblée (le couvent), elle émigra vers
le Seigneur de l’an 490.
Or, après sa mort, elle brilla par de
nombreux miracles, et maintenant elle
protège du haut du Ciel la population
de cette région fidèle.
L’an 1876, le Curé Lanoë a apposé cette
pierre sur un ancien tombeau.


L'actuelle mairie

L'actuelle mairie, anciennement le presbytère

Le presbytère

Le presbytère, construit en 1635 servit au XVIIIe siècle de résidence d'été aux évêques de Sées. En 2008, il est affecté à la mairie. Ses murs sont en moellons équarris, sa charpente à croupe. Le calcaire, la brique, le bois, l’enduit à chaux et la tuile plate ont servi à sa construction. On peut observer le dessin des briques en façade ainsi qu’un cadran solaire.

La chapelle Saint-Marcel

Au milieu du Ve siècle, Céronne, vint de Corneilhan en Narbonnaise, se fixer sur les ruines d'un vaste domaine gallo-romain, pour y fonder autour de modestes oratoires, au pied du mont Cacune, une communauté et une chapelle dédiée à saint Marcel, pour lequel elle avait une dévotion spéciale. L'actuelle chapelle bâtie dans le hameau de Saint-Marcel a été reconstruite au XIXe siècle sur l'emplacement de l'ancienne chapelle à l’initiative de l’abbé Cyrille Dangereux, un prêtre issu d’une très ancienne famille céronnaise qui était aumônier à L’Aigle. Ses murs sont en moellons équarris, sa charpente à double pente. Pour sa construction, on a utilisé du calcaire, de la brique, du bois, de l’enduit à chaux et de l’ardoise.

Le lavoir avant le massacre de 2022

Le lavoir avant le massacre de 2022

Le lavoir communal

Le lavoir de Sainte-Céronne-lès-Mortagne daterait du XIXe ou du XXe siècle. Il a été restauré en 1997 puis en 2022 avec un résultat trés controversé. Sa structure est simple : socle en béton, ossature en bois et toiture en tuile de pays.

La tour dîmière

Le premier étage de cette fuie servait de grenier à dîme alors que sa toiture conique, ourlée d'une corniche moulurée en pierre blanche abritait un pigeonnier comportant environ quatre cents boulins accrochés à des pitons en bois. Les deux lucarnes tournées vers le soleil, s'ouvraient face aux cultures céréalières voisines et permettaient l'envol facile des pigeons.

La tour dîmière se situe au lieu-dit le Plessis-Poix, au sommet de la colline qui domine Sainte-Céronne. sur ce site existait un domaine dont le dernier propriétaire connu est la chartreuse du Valdieu. De ce domaine démantelé à la Révolution, par la vente des biens nationaux, il ne subsiste aujourd’hui que la chapelle, la maison d’habitation, une motte féodale classée et la tour dîmière

La fontaine de l'Orion

En souvenir de l’infirmité qui frappa la sainte, aveugle au déclin de sa vie, nombre de personnes affligées du côté de la vue vont encore fréquemment se laver les yeux à l’eau de la fontaine et réclamer guérison ou soulagement par les mérites de la sainte. À sa restauration, en 1982, une statue de sainte Céronne, inspirée de celle de l’église, fut déposée et bénite le 18 juillet par le curé de Corneilhan.

La Fontaine de la Bonne Sainte Céronne

Creusée dans le terrain calcaire, la fontaine de la Bonne Sainte Céronne se trouve située sur le flanc d’un ravin assez profond, vis-à-vis du hameau de Saint-Marcel et au-dessous de l’emplacement de l’ancienne cité de Montcacune. Depuis des siècles, les pèlerins viennent, quelquefois de fort loin, à la fontaine réputée guérir les états fiévreux, maladie qui paraît avoir causé la mort de sainte Céronne.